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Chapitre 5 : Le poids des traditions
Hinata s'agenouilla précautionneusement aux côtés de son père, en face du jeune invité. Intimidée par la présence de son père, et l'ambiance lourde, elle regardait la table au lieu des invités. Elle se souvenait maintenant de ce garçon : il s'appelait Kenji et faisait parti d'une branche mineure du clan. Son père lui, se nommait Keisuke.
– Keisuke-san, je pense qu'il est temps que nous passions à la conclusion de notre accord.
– Hiashi-sama, c'est un honneur pour notre famille. Nous n'aurions jamais espéré une telle reconnaissance de la part de la Soke, répondit respectueuse Keisuke.
– Si j'avais le choix, c'est évident que je n'aurai pas fait une telle chose, mais voilà Hinata n'est pas à la hauteur de mes attentes.
La remarque de son père ne la surprenait pas vraiment, depuis le temps qu'il lui faisait remarquer à quel point elle le décevait, elle en avait pris son parti. Pourtant chaque fois qu'il en faisant état devant d'autres personnes, elle se sentait un peu plus rabaissée et humiliée.
– Hinata n'a pas le talent suffisant pour représenter la branche principale. C'est sa sœur qui endossera ce destin. Néanmoins, l’héritage du Byakugan d'Hinata ne saurait se perdre ou risquer d’être affaibli.
– C'est tout a fait compréhensible, Hiashi-sama. La pureté de la pupille des membres de la famille principale doit être conservée. Ce don héréditaire est un des biens les plus précieux de Konoha.
– Parfaitement, j'ai ouïe dire que votre fils avait hérité de vos talents de combattant et d'une pupille fort puissante.
– Hiashi-sama, je ne vanterais pas mon fils devant vous. Mais penser que vous donnez crédit à ses rumeurs est la plus grande marque d'honneur que vous nous faites.
Hinata, sans un mot, écoutait cet homme et ses remarques si obséquieuses. Elle avait l'habitude de ce type de comportement envers les gens de la famille principale. A part son père, les autres membres du clan lui parlaient et l'abordaient avec un respect qu'elle percevait comme un devoir plus qu'une expression de sincérité.
– Parfait, dans ce cas, nous allons scellé notre accord. Hinata, je te présente Kenji. Afin de conserver le patrimoine héréditaire de vos Byakugan respectifs, tu l’épouseras à tes dix sept ans. En attendant, vous serez officiellement fiancés.
– Mais père...osa Hinata en relevant la tête vers l'homme qui lui inspirait tant de crainte.
– Quoi ! dit-il d'un ton sec. Tu es une Hyugaa, tu as des devoirs et le premiers c'est de perpétuer notre don héréditaire. Nos traditions l'exigent. Tu ne vas pas encore me décevoir ! lui lança-t-il.
– Euh....tenta-t-elle de répondre.
– Quoi !
Coupée dans sa phrase, Hinata baissa les yeux sans volonté, sentant ses bras tombés le long de son corps. N'osant même pas regarder le garçon auquel son père venait de la fiancer.
– Kenji-kun, est-ce que tu es d'accord pour être fiancé à Hinata ?
– Hiashi-sama, c'est un grand honneur pour moi d’être le fiancé de votre Fille. Sa beauté n'a d'égale que la pureté de sa descendance, répondit le jeune homme en s'inclinant avec respect, suivi dans son geste par son père.
– L'honneur est pour nous, répondit Hiashi en s’inclinant à son tour. Hinata ! L'interpelant sèchement pour qu'elle fasse de même.
Assommée par l’évènement, Hinata s'inclina machinalement à l'injonction de son père. Ensuite, le temps passa comme dans un rêve, elle sentait juste le regard du jeune homme la scruter alors qu'elle fixait la tasse de thé qu'on lui avait apporté. Ce qu'ils se disaient, elle l'entendait mais ne le comprenait pas. Ne trouvant même plus l’énergie de demander à se retirer, elle aurait voulu crier son désaccord, mais elle n'osait pas, comme toujours, son mépris pour elle-même augmenta et amplifia son sentiment d’infériorité. Elle n'avait plus connu ce sentiment avec une telle intensité depuis que Naruto lui avait redonnée confiance en elle trois ans auparavant lors du tournoi des Chunins.
Seule la voix froide de son père la sortit de son mutisme, quand il lui dit de raccompagner les invités à la porte. Elle obéit sans un mot, machinalement, souhaitant la bonne soirée aux deux visiteurs en s'inclinant avec respect. Ensuite, elle reprit la direction de sa chambre, elle s'effondra sur son kotatsu. Sans sanglot, elle sentit ses larmes coulées abondamment de ses yeux...Des souvenirs sombres revenant assaillir son esprit, comme lorsqu'elle déprimait tant trois ans plus tôt. Celui qui se mélangeait le plus avec ceux de la soirée était celui où son père avait demandé à Kurenai de s'occuper de sa formation.
Elle resta prostrée ainsi pendant toute la soirée, finissant même par s'endormir dans cette position. Le lendemain, elle finit par être réveillée par un rayon de soleil lui tombant sur le visage. Courbaturée par la position qu'elle avait eu toute la nuit, elle remarqua en se relevant qu'une couverture avait été posée sur elle.
Encore sous le choc de la nouvelle de la veille, elle partit prendre un simple thé, en gardant son yukata. Puis elle retourna dans sa chambre sans parler à personne, n'adressant même pas un bonjour lorsqu'elle croisa Hanabi sa petite sœur. Elle s'assit sur le bord en bois devant sa chambre et passa la matinée prostrée à regarder le bassin du grand jardin. Le « Tac Tac » régulier et monotone d'une fontaine en bambou berçait son esprit qui n'arrivait pas à se focaliser sur autre chose que cette nouvelle. Elle n'arrivait pas à imaginer qu'elle devrait épouser ce garçon qu'elle ne connaissait pas.
Plus tard dans l’après midi, elle décida de sortir pour essayer de se changer les idées. Elle se mit à se promener lentement sans but dans les rues de Konoha. Elle resta un instant devant les portes de l’académie, pour se souvenir de ses années passée à étudier avec ses camarades. Puis elle prit la direction de l'appartement de son maitre Kurenaï, pensant qu'elle pourrait se confier à cette dernière. C'est en chemin qu'elle entendit une voix familière l'interpellée.
– Hoiiii, Hinata !
Se retournant, elle aperçut Naruto et maître Jiraiya qui s'approchaient d'elle. Le jeune ninja blond lui faisait des grands signes de la main. Elle s’arrêta et attendit qu'ils s'approchent.
– Naruto-kun...répondit-elle sans conviction...Maître Jiraya.
– Ça va Hinata ? C'est la première fois que je te vois en Yukata. Tu fêtes quelque chose ? enchaina Naruto en arborant un grand sourire.
Mais elle n'eut pas le courage de répondre et baissa les yeux pour ne pas le regarder dans les yeux. Naruto ne comprit pas sa réaction, d'habitude elle avait plutôt tendance à bafouiller et sembler nerveuse en sa présence. Il pencha sa tête pour la regarder dans les yeux.
– Hinata, t'es sûr que ça va... ? Tu n'as pas l'air bien, tu as des cernes et tes yeux sont rouges...Qu'est ce qui se passe ?
Habituellement, la présence de celui qu'elle aimait la rendait timide et gênée, mais le cœur plein d’allégresse . Mais cette fois, l'effet était totalement différent. Elle ressentait une profonde tristesse en sa présence. Elle ne put se retenir et se mit à pleurer. Ne voulant pas que Naruto la voit en train de pleurer, elle se retourna et partit en courant dans les rues de Konoha.
– Hey Hinata, qu'est-ce que j'ai dit, cria Naruto en s’apprêtant à lui courir après.
– Laisse-là, Naruto ! ordonna Jiraiya en le retenant par l'épaule.
– Mais pourquoi Ero-Senin, je veux pas qu'elle pleure à cause de moi...Je vais aller m'excuser. Lâchez moi.
– Naruto, laisse-la. C'est la meilleure chose que tu puisses faire. Ton amie est une Hyugaa. Et pour les jeunes filles de ce clan, il y a parfois des moments difficiles à son âge. Crois-moi.
– De quoi parlez vous...
– Ce que je te dis Naruto, c'est que même pour une fille de la Soke, le destin est parfois cruel. Je pense que si elle pleure quand tu lui parles, la suivre ne fera que la tourmenter d'avantage.
– Ahhhhh !! Je comprends rien, cria Naruto en se frottant énergiquement les cheveux. Je vois pas pourquoi, je ferais pleurer Hinata juste en lui parlant. Ça m’énerve, j'ai pas envie de la voir triste comme ça, elle est sympa...
– Allez, calme-toi, tu es encore un peu jeune pour comprendre les femmes. Mouhaha, crois en un vieux sage qui maîtrise le sujet, dit Jiraiya en riant fortement. Laisse le temps passer et tu en sauras un peu plus. Viens, je t'offre une glace.
Jiraiya comprenait la réaction de son élève, mais il se doutait de ce qui pouvait se tramer pour cette jeune Hyugaa. Il était plus âgé que Naruto et ses connaissance de l'histoire du village lui permettait d'aborder le problème. Son rire était une façon de détourner Naruto, il savait que ce dernier, fougueux comme il était, ne serait pas rester inactif devant la détresse de cette jeune fille.
– Naruto, tu as parfois une capacité impressionnante pour comprendre le cœur des autres et faire écho à leur souffrance. Mais je crains que pour ce qui concerne le cœur des femmes, tu ne sois aussi maladroit que moi, se dit-il en poussant son élève affectueusement en direction d'un vendeur de glace.
– Mouais, d'accord, conclut Naruto en se laissant pousser, mais en gardant un visage sombre. Il n'aimait pas l'idée de voir Hinata si déprimée et encore plus en pensant qu'il en était le responsable.
Prise dans ses sanglots et sa course, Hinata en oublia d'aller en parler à Kurenai. Elle s'enfuit en direction du terrain d'entraînement, et s'enfonça vers l'entrée de la Forêt de la Mort. Elle s’arrêta à sa lisière et s'effondra près d'un tronc d'arbre. Elle pleura longuement, repensant à sa rencontre avec Naruto. En le voyant et l'entendant lui parler, la réalité de la décision de son père lui était apparu encore plus crue. Désormais, l'espoir qu'elle entretenait au fond de son cœur de voir un jour Naruto à ses côtés, venait de voler en éclat et la présence de ce dernier avait amplifié la perception de cette vérité. Elle avait souvent ressenti de la tristesse à cause du mépris qu'elle subissait de son père, elle avait appris à vivre avec, mais cette fois elle ne pouvait plus retenir l'expression de sa peine.
Quand elle n'eut plus assez de force ni de larmes pour continuer, elle sentit le sommeil l'envahir et finit par s'endormir. Elle se réveilla tard dans la nuit, surprise par le froid des nuits d'automne. Elle se releva et épousseta l’arrière de son vêtement plein de morceau d’écorce. Mais soudainement dans l'obscurité, elle sentit une tension l'envahir. Un sentiment d’insécurité la submergea, la foret paraissait revêtir une aura de danger. Quelqu'un ou quelque chose l'observait, elle l'aurait juré. Reculant lentement pour s’éloigner de la lisière, elle activa par réflexe son Byakugan. A travers les arbres, dans la vision fantomatique de sa pupille, elle vit une silhouette canine importante tapie dans les arbres.
– Akamaru, Kiba ? C'est vous, cria-t-elle. Arrêtez, c'est pas drôle.
Mais aucune réponse n'arriva pour la rassurer. Au contraire, la silhouette se redressa et plusieurs autres apparurent derrière elle, se rapprochant de la lisière. Le sentiment de danger se décupla en elle. Paniquant, elle s’enfuit rapidement en soulevant le bas de son yukata pour courir plus vite. Essoufflée, elle poursuit sa course pour rejoindre sa demeure, se faufilant le plus vite possible dans les rues sombre de Konoha.
Elle arriva le long du mur d'enceinte de la maison, la peur commençait à se calmer à mesure qu'elle se rapprochait de la porte d'entrée. Elle s’arrêta un instant pour reprendre son souffle en s’appuyant contre le mur. Malgré le bruit de son souffle, elle perçut un petit son au dessus d'elle. Redressant la tête, elle se trouva face à une énorme silhouette canine qui se tenait sur les tuiles du haut du mur d'enceinte.
Elle resta un instant pétrifiée par le regard jaune intense qui se détachait du corps sombre de l'animal qui la surplombait. L'animal était plus massif qu'Akamaru, avec un pelage gris noir et un nez nettement plus long. Ils se fixèrent un moment l'un comme l'autre sans bouger. Hinata tremblait sans savoir quoi faire. L'animal cessa de la fixer et s’avança légèrement sur le sommet du mur en direction de l’intérieur de la demeure. Hinata se mit alors à crier pour alerter les gardes qui surveillaient la maison jour et nuit. L'animal se retourna vers elle en grognant, tous crocs dehors, puis sauta rapidement sur le mur de l'autre côté de la rue et s'enfuit à une vitesse étonnante dans la nuit.
Drielack