Chapitre 29 : Elle
– Que s’est-il passé ? demanda Tobi.
Ce fut Zetsu blanc qui rompit le silence qui venait de s’installer.
– Jiraya est mort. Orochimaru a été vaincu par Minato Namikaze, mais a pu s’enfuir avec le gamin. Pain Tendô a été vaincu par Shisui Uchiwa, mais son corps a été récupéré par l’invocation, et Pain Chikushodô a été tué aussi, et son corps récupéré par les Uchiwa...
– Les Uchiwa ? s’étonna Tobi. Je te l’avais dit, Nagato. Ne sous-estime pas les Uchiwa... Ton rôle se limitait à assurer la survie d’Orochimaru en cas de problème. Tu aurais dû fuir aussitôt.
– Cet Orochimaru... Il a intérêt à avoir eu une bonne raison de faire tout ça...
– Il nous promet de bonnes surprises...
– Il vaut mieux pour lui...
– Justement, le voilà...
Les feuilles s’ouvrirent et le soleil illumina l’entre obscure. Deux silhouettes se dessinaient dans cette intense lumière.
Orochimaru et Neji s’avancèrent. Du papier referma aussitôt l’arbre, derrière eux.
– Orochimaru, dit Tobi. Cela faisait longtemps.
Nagato resta silencieux, se contentant de fixer Orochimaru d’un regard qui ne présageait rien de bon.
Orochimaru, nullement impressionné par cet accueil, ne put retenir un sourire satisfait.
– Pourquoi ce sourire ? tonna Nagato. Tu as échoué...
– Echoué, moi ? ricana Orochimaru. Ne me rends pas responsable de tes erreurs, Pain.
Nagato, furieux, semblait prêt à tuer Orochimaru sur le champ pour son insolence.
Neji s’avança d’un pas, prêt à défendre son maître.
Tobi se plaça devant lui.
– Cela suffit. Orochimaru, tu sous-entends que cette mission n’était pas un échec. Pourquoi ?
– Vous en saurez davantage plus tard. Même si certains... obstacles imprévus... se sont mis sur mon chemin, ma mission se solde par un succès.
– J’ai sacrifié mes deux corps présents pour te permettre de fuir, dit Nagato. Tu n’as pas le droit à l’erreur.
– Déjà sacrifiés ? lança Orochimaru d'un ton provocateur. Tu as fait vite : je viens de revenir, et tu as déjà perdu deux corps...
– Konoha dispose de forces redoutables, reconnut Tobi, comme pour défendre Nagato. Tu n’es pas sans le savoir, Orochimaru. J’ai appris que tu avais été vaincu par le Yondaime Hokage...
– Et en moins de une seconde, ajouta Zetsu blanc.
– Pitoyable... marmonna Zetsu noir.
Orochimaru ignora ces railleries.
– Ce Yondaime Hokage... murmura Tobi. Cela fait bien trop longtemps qu’il fait obstacle à nos plans...
– Nous devons l’éliminer, approuva Zetsu noir. Il est notre cible prioritaire.
– Je sais. Je m’en charge, marmonna Nagato.
– Non, dit aussitôt Tobi. Tu as perdu deux corps, dont Tendô. Ta force est diminuée.
– N’a-t-il pas une femme, et un enfant ? demanda Konan. Nous pourrions les utiliser pour l’atteindre...
– Impossible, intervint à nouveau Tobi. Orochimaru a déjà essayé, sans succès.
– De plus, Kushina est la Jinchuuriki de Kyûbi, murmura Zetsu noir.
– Kushina... Uzumaki... fit alors Nagato, comme perdu dans ses pensées.
Chacun dans la pièce se tourna vers lui, y compris Konan.
Nagato n’ajouta cependant rien.
– Quoi qu’il en soit, poursuivit Tobi, s’attaquer à sa famille serait une grave erreur. Ils sont trop bien protégés.
– Nous devrions attendre une ouverture... murmura Zetsu noir.
– Nous pourrions, approuva Tobi. Mais nous n’avons aucune idée du temps que cela prendrait. Nous ne pouvons nous permettre d’agir aveuglément. Nous avons des objectifs... J’ai un but... Et pour l’atteindre, il nous faut avancer assurément.
Tout le monde se tut.
Mais un ricanement froid était perceptible.
– Qu’y a-t-il, Orochimaru ?
Orochimaru se lécha les lèvres.
– C'est assez amusant de vous voir débattre inutilement sur des problèmes déjà réglés...
– Que veux-tu dire ? demanda Tobi, faisant taire Nagato, apparemment furieux, d'un signe de la main.
– J’ai un plan...
Lorsque Minato rentra au village, le corps de Jiraya sur ses épaules, l’acceuil qu’il reçut lui rappela tristement qu’une fois le combat fini, la souffrance de la perte d’un être cher allait refaire surface de plus belle.
Les gens se regroupèrent autour de lui.
Il repensa au moment où Jiraya le portait, lui, affaibli, sur ses épaules. La scène était identique.
Identique, ou presque...
– Regarde, c’est le Yondaime Hokage...
– Il porte Jiraya ? Pourrait-il être...
Minato ferma tristement les yeux, mais ses oreilles entendirent la fin.
– ... mort ?
Il se sentait si impuissant.
Lui, que l’on surnommait l’éclair jaune de Konoha...
Lui, qui avait montré quelques instants plus tôt sa supériorité sur Orochimaru, auquel il avait également "volé" son titre de Yondaime Hokage...
Et pourtant, il était totalement impuissant face à la mort.
Et cette souffrance...
Il cherchait désespéremment Kushina des yeux.
Il avait plus que jamais besoin d’elle.
Bien que Jiraya fût lourd, Minato savait que cette sensation de poids sur ses épaules ne disparaîtrait pas.
Jamais.
– Regarde, Papa, il y a même le clan Hyûga derrière lui !
Minato sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine.
Des enfants... des enfants regardaient.
Comment des parents pouvaient-ils laisser ça ?
Non... Ce n’était pas la faute des parents...
C’était sa faute.
– Chéri, tu arrives à voir qui est cette femme ?
Des médecins arrivèrent en courant.
D’un geste à peine perceptible, Minato leur fit signe d’aller directement s’occuper de Mikoto.
Dans la foule, chacun comprit alors.
Il n’y avait plus rien à faire.
Jiraya était mort.
Minato s’en voulait, terriblement.
Où était Kushina ?
Minato crut voir des Uchiwa dans la foule.
Quel effet cela pouvait-il leur faire, de voir Mikoto tenue par Hiashi, portée par les Hyûga ?
Trois individus arrivèrent en courant, se frayant un chemin dans la foule pour se placer devant Minato et le clan Hyûga.
Les deux conseillers avec, en leur centre, Hiruzen Sarutobi.
Le visage du vieil homme exprimait une intense tristesse.
C’était ce même visage que Minato avait vu, à la mort de sa propre femme...
Minato ne sut quoi dire.
Perdre un élève était tragique. C’était, d’une certaine manière, comme perdre son propre fils. Il avait connu ça, lui aussi.
Il repensa à Rin. S’il avait eu une fille, il l’aurait appelée ainsi.
Il repensa à Obito. Naruto lui ressemblait tant...
Et il n’avait pas su les protéger.
À chaque fois, il était arrivé trop tard...
Les ninjas médicaux, visiblement très inquiets pour l’état de Mikoto, la portèrent soudain à plusieurs, l’installant sur un brancard, et se rendirent à toute vitesse en direction de l’hôpital de Konoha.
Minato sentit une main se poser sur son dos.
Etait-ce Kushina ?
– Minato, dis alors Hiashi. Vas-y. Il faut que l’un de nous y aille. Tu seras le mieux placé, étant données les... circonstances actuelles... Tu sauras le mieux parler à ses fils...
Minato n’eut pas la force de discuter.
Il laissa à Hiashi le corps de Jiraya.
Il avait confiance en lui. Hiashi et le clan Hyûga avaient le sens de l’honneur.
Et sans prévenir, Minato disparut.
Il arriva à l’hôpital.
Les ninjas médicaux avaient-ils déjà placé Mikoto dans une chambre ?
Il avait perdu la notion du temps.
Une femme, à l’accueil, le remarqua aussitôt.
– Yondaime Hokage...
Il la fixa, incapable de prononcer le moindre mot. Il avait la gorge nouée.
Elle sembla comprendre.
– Elle se trouve chambre...
– Yondaime Hokage ! lança alors une voix familière.
C’était le médecin à qui il parlait, lorsque Shisui et ses compères interrogeaient Sasuke.
– Yondaime Hokage... répéta-t-il plus calmement. Je... Je vais être direct et honnête avec vous...
Minato comprit à sa voix que la suite ne présageait rien de bon.
– Son état est critique...
Minato baissa la tête.
– Emmenez-moi, prononça-t-il enfin.
– Bien sûr, suivez-moi.
Ils marchèrent ainsi à travers l’hôpital, arrivant devant une porte.
– C’est ici, dit alors le médecin. Je vous laisse. Bon courage...
Mais, tandis que le médecin allait se retirer, il dut se plaquer contre un mur pour laisser passer un groupe de médecins transportant, sur un brancard, un corps.
Un corps de femme.
Mikoto.
Minato, étonné, regarda le médecin.
Mais celui-ci regarda passer le corps devant lui sans exprimer la moindre surprise.
Dans ce cas, pourquoi l’avoir amené devant cette porte ? Pourquoi l’avoir fait venir jusqu’ici, si les médecins n’avaient pas encore transporté Mikoto ?
Le médecin se retira.
Minato fronça les sourcils.
Si Mikoto n’était pas encore arrivée à l’hôpital, qui donc se trouvait derrière cette porte ?
Il l’ouvrit.
Son estomac se noua.
Une femme était étendue sur un lit, dans un profond coma.
Etalés sur son oreiller, ses cheveux rouges ne laissaient aucun doute possible...
– Kushina !
Mizuki_tiger