– Qu’est-ce que... commença l’homme masqué, laissant pour la première fois apparaître un signe d’inquiétude.
Le temps s’était comme arrêté. Kushina restait pétrifiée de douleur, tandis que l’homme masqué semblait totalement déboussolé.
Tout s’était pourtant déroulé comme prévu. C’était le plan, il ne pouvait pas avoir échoué. Il avait contrôlé le plus puissant des neuf d’un simple regard, et s’était retrouvé coincé par une force totalement invisible et inconnue. Que s’était-il donc passé ?
Il n’avait pas le temps d’y réfléchir davantage car il était déjà trop tard : ils n’étaient plus seuls. Minato était arrivé.
« Il est inutile d’essayer de l’affronter, songea Tobi. Sans le pouvoir de Kyûbi, mon plan tombe à l’eau. Même si je parvenais à venir à bout de Minato, mes techniques ne sont adaptées qu’en combat singulier, pas pour la destruction d’un village entier. »
Minato se précipita d’abord sur Kushina, scellant une bonne fois pour toutes le Kyûbi, puis se tourna vers l’homme masqué.
En un éclair, Minato envoya un kunaï droit sur lui.
L’instant d’après, le kunaï avait disparu.
– Impossible... ! s’exclama Minato, apercevant une lueur rouge dans l’orifice du masque juste avant la disparition de son kunaï.
Cela n’avait duré que le temps d’un clignement d’œil, mais cette fraction de seconde avait été suffisante à Minato pour mesurer l’ampleur de la menace que représentait cet individu.
Il n’avait pas le choix ; il devait l’arrêter.
– Yondaime Hokage, je suis impressionné. Tes techniques spatio-temporelles sont d’un niveau d’élite. Tu mérites bien ta réputation et ton titre de Kage.
L’homme masqué marqua une pause, inclinant la tête, feintant le respect.
– Mais, vois-tu, tu ne m’arrives pas à la cheville...
Sur ces mots, il se volatilisa sous les yeux de Minato. Ce dernier ne montra cependant aucun signe de surprise, et ne tenta pas de l’en empêcher, au grand étonnement de Kushina qui reprenait doucement ses esprits.
L’air grave, Minato se tourna alors vers Kushina.
– Kushina, je vais te raccompagner auprès de Naruto.
Il la prit dans ses bras, et la reposa l’instant d’après aux côtés de son fils nouveau-né. Puis il se vêtit de son manteau d’Hokage, prêt à partir.
– Attends...
– Kushina, je dois immédiatement informer le Sandaime de...
– Je viens avec toi !
– Sûrement pas ; repose-toi, et occupe-toi de Naruto.
– Mais... Minato... Il faut que tu saches... Son œil...
– Je sais. Repose-toi. Je reviens vite.
Puis, reprenant un peu plus de douceur dans son ton, il ajouta :
– Je t’aime...
Ces mots apaisèrent la jeune femme, qui ne chercha plus à répondre et lâcha même un discret sourire en direction de l'endroit où s'était trouvé son mari une seconde plus tôt.
Lorsque Minato rencontra son prédécesseur, le vieux Sandaime Hokage, il fallut d’abord commencer par l’annonce de la mort de Biwako, sa femme. En apprenant la terrible nouvelle, l’homme, âgé d’une bonne cinquantaine d’années, s’effondra comme un enfant.
Les deux gardes Anbu présents dans la pièce baissèrent tristement la tête.
Minato ne dit mot. Il n’osait imaginer ce que ressentait cet homme qu’il respectait tant, quand lui-même avait failli connaître la même chose.
Et puis, après quelques minutes qui semblèrent être des heures, l’ancien Hokage parut se reprendre légèrement, ne parvenant cependant pas à effacer la peine qu’on pouvait lire dans ses yeux.
L’une des règles fondamentales d’un ninja étant de ne pas montrer ses sentiments, Hiruzen Sarutobi n’avait pas versé la moindre larme, mais sa souffrance refoulée était encore bien plus frappante que des cris.
– Que s’est-il passé ? murmura le vieil homme, la voix cassée.
Minato lui expliqua alors tout.
Hiruzen l’écouta avec attention, l’air grave.
– Ainsi, cet individu savait... Il savait pour Kushina. Et il a su vaincre mes meilleurs hommes sans difficulté... Ce n’est pas n’importe qui.
– Ce n’est pas tout. Sous son masque, j’ai clairement vu un Sharingan...
Tous deux se regardèrent, pensant à la même chose. Ce fut Minato qui le premier reprit la parole :
– Sandaime Hokage... Pensez-vous qu’il puisse s’agir de Madara Uchiwa ?
– Madara Uchiwa est mort...
Sandaime paraissait particulièrement perturbé par la nouvelle.
– Bien que les circonstances de sa mort soient assez floues...
Il marqua une pause, pensif, puis reprit :
– Je l’ai connu. J’étais jeune à l’époque, mais je sais ce dont il était capable, Hashirama Sensei m’a tout expliqué. Il est vraiment fort.
– Oui, j’ai entendu parler du combat l’opposant au Shodaime Hokage à la Vallée de la Fin. Il avait Kyûbi... Tout comme aujourd’hui il a essayé...
– Il n’avait pas seulement Kyûbi...
Sandaime regarda par la fenêtre, l’air inquiet, comme s’il s’attendait à voir le village attaqué d’une seconde à l’autre.
Le temps défilait. Minato jugeait préférable d’attendre lui aussi sans un mot.
Bien que le vieux Sandaime Hokage eût connu Konoha à l’époque de ses fondateurs, il n’avait encore jamais mentionné le nom de Madara Uchiwa.
Que savait-il exactement sur lui ? Qu’avait-il à lui apprendre ? Pourquoi taisait-il ce nom habituellement, comme s’il était tabou d’en parler ? Des tas de questions fusaient dans l’esprit de Minato qui préféra cependant ne pas rompre le silence qui s’était installé.
Soudain, la porte s’ouvrit à la volée et Kushina fit irruption dans la salle. Surpris, Minato et Hiruzen se retournèrent d’un même geste rapide.
– Minato ! Sandaime Hokage !
Se rendant compte de son arrivée peu courtoise, elle devint presque aussi rouge que sa chevelure.
– Je... Je dois vous parler ttebane...
– Kushina... Je t’avais dit de rester...
– Qu’y a-t-il, Kushina ? demanda aussitôt le vieux Sandaime. Minato m’a tout expliqué, y compris pour son Sharingan et nous pensons...
– Ca n’a rien à voir ! coupa Kushina. C’est à propos du sceau de Kyûbi. Cet Homme, il savait comment le libérer.
– Apparemment non, sourit Minato. Rassure-toi, il est parti, et je veillerai sur...
Il fut interrompu brutalement par un gros coup sur la tête. Hiruzen, malgré son profond désarroi, sembla esquisser un sourire tandis que Kushina attrapait son amant par les cheveux et le forçait à la regarder dans les yeux.
– T’as rien compris toi ttebane !
Minato, le crâne douloureux, jeta un kunaï en l’air et s’y téléporta, se libérant ainsi de l’étreinte de Kushina. C’était devenu une habitude pour lui.
– T’as rien compris, répéta Kushina. Je m’en fous de ce type, tu vas lui botter les fesses comme à tous les autres. Je te parle du sceau. Je connais bien les sceaux grâce à ma mère. Kyûbi était lâché, mais quelque chose l’a bloqué. Quelque chose d’autre. J’ai ressenti comme une force, une énergie. Ce qu'il s'est passé tout à l'heure n'était pas normal, pas naturel, pas logique ! Mais quoi que ça puisse être j’espère que c’est avec nous...
– As-tu une idée de ce que ça peut être ? demanda Hiruzen.
– J-je... Non ttebane.
– Dans ce cas, nous ne pouvons nous attarder là-dessus pour le moment. La priorité reste cet homme masqué.
Malgré ses mots, Hiruzen semblait perturbé par la nouvelle. Mais il était inutile d’en parler sans avoir le moindre indice sur son origine. Cet événement – quelle qu’en soit la source – s’était avéré être une bénédiction. Qui aurait su ce qu’il se serait passé si Kyûbi avait été lâché sur Konoha ?
Hiruzen était fatigué par toutes ces nouvelles peu motivantes. Il se posa sur son siège. Minato, comprenant qu’il était temps pour lui de prendre congé, commença à partir, suivi de Kushina. Alors qu’il s’apprêtait à refermer la porte, Hiruzen, apparemment très inquiet, ajouta :
– Si vraiment il s’agit de Madara Uchiwa, tu as de la chance d’être encore en vie, Minato.
Minato ne dit rien et ferma la porte, mais Kushina fut étonnée par la nouvelle.
– Madara Uchiwa ?! Il... Il est si fort que ça ttebane ?
Pour la première fois de la soirée, elle se rendit compte du sérieux de la menace que représentait cet homme au Sharingan.
– Mais attends, il est pas censé être mort celui-là d’ailleurs ?!
– Les circonstances de sa mort sont assez floues. Hiruzen l'a confirmé. Jiraya Sensei m’avait déjà dit trouver cela étrange...
Minato baissa tristement la tête, repensant à son ancien maître.
– Malheureusement, il n’est pas là... Je me demande ce qu’il fait actuellement.
– Comme d’hab’, il cherche de l’inspiration sous les jupes des femmes ! lança Kushina en rigolant.
Minato ne put retenir un sourire, puis reprit son sérieux.
– Quoi qu’il en soit, en tant que Yondaime Hokage j’ai pour devoir de découvrir la vérité et d’arrêter cet homme !
Kushina lui tapa fortement dans le dos.
– Bien parlé, Hokage !
Minato fut propulsé en avant. Il était toujours surpris par les réactions imprévisibles de son épouse...
– Quant à moi, je vais m’occuper de cette mystérieuse force qui a retenu Kyûbi en moi. On parie que j’y arrive avant toi ?
Minato prit les mains de Kushina dans les siennes.
– En attendant, tous les deux avons une mission de rang S à accomplir en équipe...
Il l’embrassa avec passion.
– Allons retrouver Naruto.
Mizuki_Tiger