Chapitre 35 : Malédiction
On entra dans la pièce.
C’était Hiruzen, entouré de ses deux conseillers. Ces deux derniers semblaient essouflés, comme s’ils avaient couru pour rejoindre le Sandaime.
– Un sceau ? s’étonna Hiruzen. Donc Kushina ne serait pas...
– Pas de conclusion hâtive, dit calmement Hiashi.
La porte s’ouvrit à nouveau. Cette fois, plus de personnes entrèrent, portant chacun le même blason en forme d’éventail que Minato connaissait si bien, et avec à leur tête, Shisui Uchiwa.
Minato avait une impression de déjà vu. Il avait cotoyé ce clan bien plus que n’importe lequel, ces derniers temps.
Ni Hiruzen, ni les conseillers ne se retournèrent à l’entrée des forces de Police de Konoha. Ils ne semblaient pas surpris de leur arrivée.
– Nous allons vite le savoir, fit calmement Shisui en s’avançant d’un pas assuré jusqu’au corps de Kushina.
Il activa ses Mangekyou Sharingan. Hiashi fronça les sourcils. Tout le monde resta silencieux.
– Pouvez-vous ouvrir les yeux de Kushina, demanda alors Shisui à Minato.
Ce dernier s’exécuta aussitôt, mais avec une douceur extrême.
Hiruzen s’avança à son tour et posa une main sur l’épaule de Shisui.
– Sois prudent, Shisui...
Shisui se retourna et lança un sourire confiant au vieil homme. Il retourna sa tête vers Kushina, se retrouvant ainsi face à Hiashi et Minato, de l’autre côté du lit ; puis, il fit un clin d’œil à ce dernier.
Il posa alors ses deux mains sur le ventre de Kushina et plongea son regard dans le sien.
Il marchait dans les ténèbres.
Il vit alors, au dessus de lui, une imposante sphère semblant composée d’une sorte de Chakra liquide dans les airs avec, accrochée via d’énormes chaînes et piochets – sans doute eux aussi constitués de Chakra – un véritable monstre...
« Le Kyûbi... »
Etait-il conscient ? Il ne bougeait pas.
Seul le faible râle de sa respiration trahissait une flamme de vie.
Soudain, sur le sol composé de ténèbres, Shisui repéra une silhouette, étendue sur le sol, ses cheveux rouges reflétant la lumière émise par le Chakra qui s’écoulait de la gigantesque boule d’énergie emprisonnant le Kyûbi.
Shisui s’abaissa.
– Kushina... Kushina, m’entendez-vous ?
Il y eut une ombre. Une ombre terrifiante. Une ombre qui obscurcissait même les ténèbres de cette dimension. Une ombre que même les puissants yeux de Shisui ne pouvaient combattre...
Quelle était cette ombre ?
Le sang de Shisui se glaça et sa conscience fut projetée.
Dans l’hôpital de Konoha, le jeune homme s’écroula subitement. Minato, en un mouvement rapide, le rattrapa dans sa chute en même temps que le Sandaime.
Les membres du clan Uchiwa semblaient paniqués par l’échec du chef du clan.
Minato et Hiruzen se regardèrent.
Shisui, l’expert en Genjutsu et l’un des plus puissants shinobis de Konoha du clan Uchiwa, n’avait jusqu’ici jamais montré de faiblesse.
Même face à ce Pain, Shisui n’avait même pas daigné utiliser ses pleines capacités, estimant son ennemi trop faible.
Et pourtant, aussi confiant fût-il ici, il avait perdu.
– Devons-nous le transporter dans une chambre d’hôpital ? s’inquiéta un jeune Uchiwa.
– Non, murmura Shisui, se relevant avec peine, aidé de Minato et Hiruzen.
– Que s’est-il passé ? demanda aussitôt Minato.
– Je...
Shisui ouvrit la bouche pour continuer, mais aucun son n’en sortit. Il semblait ne plus avoir envie de parler. C’était comme si sa volonté même était entravée, tel un Genjutsu qui le poussait à croire qu’il ne voulait finalement pas continuer.
Minato avait déjà vu ça.
Il se tourna aussitôt vers Hiashi.
– Ton Byakugan !
Ce dernier s’exécuta sans poser de question, et fixa Shisui de son œil blanc si particulier.
Il se tourna vers Minato et acquiesça d’un signe de tête affirmatif.
Personne d’autre ne semblait avoir compris.
On entra dans la pièce, déjà bondée. Il n’y avait cette fois-ci que trois individus.
Minato identifia deux membres de la Racine avec, au milieu, Danzô Shimura.
– Quel mauvais moment, pour sortir de l’ombre, Danzô... murmura Minato, d’un ton où la menace était presque palpable.
Personne ne sembla comprendre quoi que ce fût, excepté Hiashi, qui s’avança d’un pas pour être à la hauteur de Minato.
– Calme-toi, Minato, murmura-t-il, les Byakugan toujours activés. Pas de conclusion hâtive...
Les lèvres de Danzô remuèrent de façon presque imperceptible et il esquisça un sourire.
La fraction de seconde d’après, le métal froid du kunaï que tenait Minato frôlait ces mêmes lèvres, qui tremblèrent légèrement à son contact. En un déplacement éclair, Minato avait traversé la pièce et rejoint Danzô sans même que personne n’eût pu faire le moindre geste, excepté Hiashi, qui avait vu venir la chose mais avait levé son bras trop tard pour empêcher Minato d’effectuer son Shunshin.
– Que se passe-t-il ici ? s’exclama Hiruzen, de toute évidence bouleversé par cette scène.
– Sandaime Hokage, je crois que Danzô a une part de responsabilité dans l’état de Kushina.
Les réactions furent vives. Hiruzen ouvrit grand les yeux, Shisui poussa une exclamation surprise et les Uchiwa froncèrent les sourcils. Seul Hiashi ne semblait pas étonné.
– C’est une très grave accusation, Minato, murmura Koharu.
– As-tu des preuves de ce que tu avances ? demanda Homura.
Minato, le regard dur, fixa les deux conseillers sans déplacer son kunaï.
Les deux sbires de Danzô ne firent pas un geste, conscient qu’ils risqueraient leur vie et celle de leur maître.
– Shisui Uchiwa a été marqué d’un sceau l’empêchant de révéler ce qu’il a vu.
Tout le monde se tourna vers Shisui.
– Inutile de le lui demander, il ne pourra pas vous dire quoi que ce soit. Mais Hiashi l’a bien repéré avec son Byakugan.
– En effet, admit Hiashi. Il s’agit là d’un sceau invisible pour un œil normal – peut-être même pour un Sharingan, exactement comme celui que j’ai repéré sur le ventre de Kushina.
– Ce type de sceaux, poursuivit Minato, est connu du village pour être la spécialité de la Racine. Chaque membre de la Racine dispose ainsi de sceaux du même type sur la langue.
– C’est exact, murmura Danzô. Nous utilisons ce type de sceaux pour éviter toute fuite.
Minato fronça les sourcils.
– Je n’ai cependant aucune idée de ce qui pourrait les rendre invisible.
– Mensonges, fit Minato. Danzô a, par le passé, menacé ma femme et mon fils. Cela fait beaucoup de coïncidences...
Il y eut un silence pesant, qu’Hiruzen fut le premier à rompre.
– Ca suffit, Minato.
Minato le fixa.
– Ces accusations n’ont aucun sens ! lâcha Koharu.
– Et tu menaces un haut représentant de Konoha, poursuivit Homura.
– Minato, abaisse ton kunaï, dit alors Hiruzen.
Minato resta quelques secondes dans cette position, sous le regard étonné de Shisui et d’Hiashi. Quelques membres ANBU, venant du couloir, s’approchèrent.
Minato abaissa son kunaï.
– Minato, reprit Homura, toujours perturbé par la réaction du Yondaime. Nous voulions te parler, mais tu n’es jamais venu. Ces derniers temps, tu as délaissé ta fonction de Hokage, laissant Hiruzen et nous-même assurer la pérénité du village, alors que justement l’absence de Jinchuuriki dans le village aurait demandé plus d’efforts que jamais.
– Si nous souhaitions te parler, ajouta Koharu, c’était justement à ce sujet. Tu avais commis une erreur en laissant filer Orochimaru.
Hiruzen regarda ailleurs, conscient d’avoir commis exactement la même erreur, quelques années auparavant.
– Ton cas s’est beaucoup trop aggravé, poursuivit Homura, et nous ne pouvons tout te pardonner sous le prétexte de tes problèmes personnels.
– Au début, dit Koharu, nous pensions simplement te suspendre temporairement de ta fonction d’Hokage, pour t’accorder une pause mais... là, tu es allé trop loin.
Les Uchiwa s’approchèrent de Minato, tandis que Koharu poursuivait son discours.
– En accord avec le Daimyo du Pays du Feu et les forces de Police de Konoha, nous étions venus te suspendre de tes fonctions, voire plus si cela le nécessitait... Et de toute évidence, cela le nécessite – ta réaction le prouve.
Hiashi fronça les sourcils.
Hiruzen s’avança d’un pas et se tint face à Minato, la mine extrêmement sombre.
– Minato Namikaze, tu es en état d’arrestation.
Mizuki_tiger