– Maître Orochimaru !
– Silence, siffla le Sannin. Je suis occupé.
Le petit garçon attendit patiemment que son maître finisse d’étudier les cellules d’une main humaine au microscope.
Orochimaru griffonna quelques notes sur un parchemin, puis regarda alors l’homme à moitié conscient au regard effrayé, ligoté sur une table d’étude. Un homme avec une main en moins...
– Quel est ce papier que tu as déposé sur la table ? demanda Orochimaru au petit garçon.
– C’est une lettre, Maître Orochimaru. Une lettre de Danzô Shimura.
– Danzô ? répéta Orochimaru, se léchant les lèvres avec un sourire intéressé.
Il alla prendre la lettre et commença sa lecture, passant les formules de politesses.
« Cela fait bien longtemps que tu n’as plus mis les pieds à Konoha, et je sais quel ressentiment tu as envers ce village qui t’a trahi... Blablabla... En tant que Yondaime Hokage, Minato Namikaze a l’intention de suivre les idéaux de son prédécesseur... Blablabla... La nuit dernière s’est produit un incident particulier concernant cet Hokage qui devrait t’intéresser. Lorsque sa femme, Kushina Uzumaki, accouchait, un homme masqué est parvenu à défaire toutes les défenses du Sandaime et à isoler Kushina du Yondaime. Son but : extraire le Kyûbi de l’Uzumaki. Pour une raison que j’ignore, il a échoué, mais sache tout de même que, d’après Kushina, il était parvenu à prendre le contrôle du Renard. Pour cela, il a utilisé un Sharingan. »
D’abord surpris, Orochimaru se lécha à nouveau les lèvres, son sourire grandissant. Puis il poursuivit sa lecture.
« Un Uchiwa capable d’un tel exploit n’est pas n’importe qui.
C’est pourquoi je te contacte, car il pourrait être le pilier de nos deux objectifs. Tu veux te venger de Konoha et obtenir des éléments pour parfaire tes connaissances. Moi, je veux écraser Hiruzen et Minato en devenant le Godaime Hokage.
Avec ce Uchiwa, nous avons peut-être le moyen d’atteindre nos objectifs. Il serait intéressant de prendre contact avec lui. »
Orochimaru finit sa lecture sans vraiment y faire attention. La nouvelle de Danzô dépassait ses espérances. Danzô ne voyait évidemment que l’utilisation d’un tel individu pour mener à bien ses projets. Mais Orochimaru voyait dorénavant les choses autrement.
Lui qui avait besoin de puissants corps, ne pouvait ignorer l’existence d’un tel individu. La lignée Uchiwa était sans aucun doute en tête de liste pour Orochimaru. Il n’était pas question de laisser passer une telle opportunité.
– Je crois avoir enfin trouvé le corps qu’il me fallait !
Le petit garçon fut étonné par la réaction de son maître.
– Orochimaru-Sama, pourtant la lettre ne parlait pas de ça...
Orochimaru lui lança un regard noir en apprenant qu’il s’était permis de lire sa lettre.
– Voulez-vous vraiment attaquer Konoha ?
– C’est en effet une idée qui me plairait...
– Mais alors, qu’attendez-vous ?
– Deux Hokage sont présents à Konoha. Il me faut absolument les isoler.
– S’il-vous-plaît, supplia l’homme au fond, en larmes. Ne me tuez pas, par pitié, j’ai une femme et un fils !
– Tu veux parler de celui-ci ? lâcha méprisamment Orochimaru en montrant le jeune garçon présent à ses côtés.
L’homme reconnu enfin son fils, bien que les drogues que lui avaient données Orochimaru avaient sensiblement diminué sa vue. Il prononça son nom, en larmes, lui suppliant de fuir.
Orochimaru se tourna vers le jeune garçon.
– Tue, siffla-t-il.
Le garçon prit un scalpel sur la table et s’approcha de l’homme qui ouvrit grand les yeux de panique et de peine. Une fois face à lui, le garçon leva son scalpel.
Orochimaru, un sourire sadique sur son visage, ne put s’empêcher d’ajouter quelques mots.
– Tu ne seras pas sa première victime : sache que ta femme est morte avant toi. Tu n’es rien. Tu n’as aucun talent, tu m’as fait perdre mon temps. Alors crève comme tu es né : inutile !
Le garçon trancha la gorge de son pauvre père sans la moindre hésitation, faisant jaillir du sang jusque sur son visage qu’il essuya d’un geste méprisant.
L’homme mourut quelques instants plus tard, son regard gravé dans cette tristesse infinie pour l’éternité.
Orochimaru se tourna alors vers le jeune garçon.
– Vieil homme, dit-il. Tu étais mourant et je t’ai offert un nouveau corps avec celui de ce jeune garçon. Comme nous avons tous deux pu le constater, tu as pu te mouvoir avec facilité, sans ressentir les défauts de ton ancien corps meurtri par l’âge.
– Oui, répondit le garçon, souriant. Merci, maître, c’est un honneur de...
– Cependant, interrompit le Sannin, tu ne me seras pas d’une grande utilité. Tu ne dispose d’aucun don héréditaire, d’aucun pouvoir particulier.
Le jeune garçon, sous lequel se trouvait la conscience d’un vieil individu, lança un regard terrifié à Orochimaru, comprenant parfaitement où il voulait en venir.
– Attendez, Maître ! Je peux vous être utile !
– La chose la plus utile que tu aies faîtes, c’est de m’apporter cette lettre, ricana Orochimaru. La seule utilité que tu avais, tu ne l’as eu que malgré toi car tu n’étais qu’une expérience.
Sur ces mots, Orochimaru leva son bras et un serpent alla mordre son interlocuteur, le laissant agoniser et mourir en l’espace de quelques secondes.
– Grâce à toi, je sais maintenant que j’ai besoin d’un nouveau corps.
Une image d’un homme masqué au Sharingan défila dans la tête d’Orochimaru qui se lêcha une nouvelle fois ses lèvres souriantes.
Du laboratoire dans lequel il se trouvait, il sortit pour s’enfoncer un peu plus sous la terre, jusqu’à une sorte d’immense hall sombre.
Dans un mouvement rapide, il invoqua Manda, le roi des serpents.
– Orochimaru, gronda-t-il. J’espère que tu as une bonne raison de m’extraire du Ryuchidou pour cette minuscule et pitoyable grotte.
– Manda, je t’ai invoqué car j’ai peut-être l’occasion de t’offrir un nombre incalculable de sacrifices.
– Je t’écoute. Mais tâche de faire vite, car je n’ai pas beaucoup de temps.
– Tu devras m’aider à capturer une femme.
– Une femme tu dis ? Et tu te prétends Sannin ? Avoir besoin de m’extraire de ma grotte sacrée pour une simple...
– Une certaine Kushina Uzumaki, coupa Orochimaru.
– ... Uzuamaki... Je comprends mieux, dit alors Manda, plus calmement. Mais pourquoi me demander avant ? Pourquoi ne pas simplement m’invoquer durant le combat pour la tuer ?
– Je te l’ai dit : je ne veux pas la tuer, mais simplement la capturer, ce ne sera pas aussi simple. Elle me servira d’appât. Le Bijuu qu’elle possède semble très convoité...
– Un Bijuu, tu dis ?! s’exclama Manda.
– Oui. Kushina Uzumaki est le Jinchuuriki de Kyûbi.
Manda ouvrit grand les yeux puis, d’un geste rapide de la tête, plaqua Orochimaru contre une des parois de la grotte, l’empêchant de bouger.
– Orochimaru, siffla-t-il. Tes expériences ne me plaisent pas du tout ! Si tu veux affronter Kyûbi, c’est ton choix, mais ne me mêle pas à ça !
– Aurais-tu peur, Manda ? lâcha Orochimaru, qui bien qu’écrasé contre la paroi ne put s’empêcher de lâcher un sourire narquois.
– Je n’ai pas peur ! gronda le grand serpent. Je suis réaliste. Je tiens plus à ma vie qu’à tes expériences. Un combat singulier contre le Kyûbi est un suicide. Même pour moi.
– Qu’en sais-tu ? s’énerva Orochimaru, agacé par cette soudaine crainte de Manda.
Le grand serpent resta silencieux un moment, apparemment perdu dans ses pensées.
– Je l’ai déjà affronté.
Il marqua une pause. Orochimaru ne dit rien, attendant la suite.
– C’était il y a longtemps. Tu étais jeune à cette époque. Je venais de trouver le Mont Myoboku, grâce aux indices que j’avais pu récolter depuis le Ryuchidou. Mais mon Chakra Senjutsu est puissant. Les lieux sacrés tels que le Mont Myoboku, la forêt du Shikkotsuri ou la grotte du Ryuchidou disposent de ce qu’il faut pour masquer de tels Chakra, nous rendant invisibles même pour les meilleurs sens. Mais, en sortant, que ce soit par moi-même ou par invocation, je suis très facilement localisable.
Le Kyûbi dispose de très puissantes capacités sensorielles. Dès l’instant où j’ai quitté la grotte du Ryuchidou, il a dû sentir en moi une menace et m’a recherché. Je l’ai senti, mais j’étais trop préoccupé par la recherche du Mont Myoboku pour réellement y prendre garde. Lorsqu’enfin j’ai pu accéder au Mont Myoboku, je suis resté au loin. Mon but n’était pas d’attaquer ce mont, mais simplement d’y étudier ses forces que le Sage Serpent avait tant vantées.
Le grand serpent marqua une pause, perdu dans ses pensées.
Un soir de pleine Lune, Manda avait senti le puissant Chakra qui le traquait approcher rapidement. Le Kyûbi l’avait trouvé. Il était pris au piège. Il ne lui restait qu’une seule solution : se cacher au mont Myoboku.
À peine entré, il se trouvait déjà face à trois puissants guerriers qui semblaient chacun capables de lui tenir tête. Trois redoutables crapauds apparemment déterminés à anéantir la menace que représentait ce gigantesque serpent.
Mais, tandis que le serpent géant se préparait lui aussi au combat, il vit deux des trois guerriers fuir en sautant en coassant de terreur. D’abord surpris, son égo le poussa à se moquer, jusqu’à ce qu’il se retrouve sous une ombre colossale qui cassa net toute son arrogance.
– Le Kyûbi est entré ! entendait-il hurler au loin les deux guerriers qui avaient pris la fuite.
Manda leva la tête et fut impressionné par la taille de Kyûbi. Il était si imposant que Manda doutait de pouvoir s’enrouler autour de lui.
Kyûbi hurla de rage. La force du souffle déplaça le serpent de plusieurs centaines de tonnes comme s’il n’était qu’un vulgaire ver de terre. Il fut arrêté par le seul guerrier crapaud encore présent.
– N’en profite pas pour fuir, sale serpent sournois ! Il est ici par ta faute ! Tu vas devoir m’aider à nous en débarrasser.
Manda lança un regard noir au crapaud, comprenant que toute fuite était inutile. Il devait se battre, et même si cela le répugnait il devait reconnaître que la présence de ce puissant crapaud n’était pas de trop dans ce combat.
– Au nom des crapauds du mont Myoboku, moi, le grand Gamabunta, je vais te faire quitter ces lieux par la force !
Le crapaud s’élança d’un bond rapide, l’épée en l’air, prêt à lancer une attaque à pleine puissance. Le serpent en profita pour lancer une attaque éclair.
Mais le Kyûbi les dégagea sans la moindre difficulté d’un coup de patte, dont la griffe fit une profonde entaille autour de l’œil gauche du crapaud. Manda évita de justesse grâce à ses réflexes exceptionnels acquis au Ryuchidou, mais comprit malgré tout que le combat serait à sens unique.
Gamabunta s’écrasa sur le sol non loin de lui, perturbé par sa blessure. Kyûbi leva la patte, prêt à tuer le crapaud encore à terre.
Manda envoya alors sa queue qu’il enroula du mieux qu’il pouvait autour de Gamabunta, puis le dégagea de toutes ses forces, lui permettant d’éviter de justesse le coup de patte mortel du Renard.
– Ne crois pas que tu seras pardonné pour autant, gronda Gamabunta. Tu es la cause de la venue du Kyûbi...
– Je me contrefiche de ce que tu penses, siffla le serpent. Je t’ai sauvé parce que seul, je n’ai aucune chance...
Kyûbi les dominait de toute sa hauteur, sa gueule grande ouverte préparant une Bijuu Dama.
– ON DOIT L’ARRÊTER IMMEDIATEMMENT ! hurla Gamabunta, comprenant que le mont Myoboku allait être pulvérisé par une telle attaque.
Il attaqua de nouveau, la peur et la rage le rendant extrêmement nerveux. Manda en fit autant, parvenant à atteindre le Bijuu au flanc tandis que Gamabunta s’apprêtait à planter sa longue épée dans sa gorge.
Mais un coup de queue désinvolte du Renard suffit à l’éjecter à plusieurs centaines de mètres. Manda esquiva quant à lui le coup d’une autre queue, qui l’obligea cependant à lâcher sa prise.
Kyûbi continuait de faire grossir sa Bijuu Dama, et Manda comme Gamabunta n’avaient aucun moyen de venir à bout du Renard.
Il était trop tard. Kyûbi lança son attaque. Manda ne tenta même pas de fuir, sachant que la portée serait trop grande pour qu’il y échappe à temps.
Il vit alors une intense lumière, et puis plus rien.
Lorsqu’il reprit conscience, il ne se trouvait pas au Royaume des Morts mais était resté à celui des Crapauds. Il vit un trône sur lequel siégeait un vieux crapaud endormi.
– Tiens, il reprend conscience, lâcha un tout petit crapaud. T’as vu ça, Ma’ ?
– Commence pas, Pa’...
Manda gardait les yeux fixés sur le Sage Crapaud.
– Oogama Sennin...
Il sentit un puissant coup le propulser à plusieurs mètres.
– Ferme-la, sale serpent, reprit le petit crapaud, qui arma à nouveau son poing. À cause de toi, le vieux est fatigué et Gamabunta est blessé. La prochaine fois que tu viens nous espionner, t’es mort, c’est clair ?
Manda tenta de reprendre conscience.
– T’as de la chance que le vieux ait absorbé la bombe avec sa boule de cristal, sinon on y passait tous. Et t’as de la chance qu’il ait réussi à repousser Kyûbi et à lui faire oublier l’emplacement de ce lieu, sinon j’te jure que toi qui adores les sacrifices t’aurais servi d’offrande au Bijuu. Le vieux nous a dit de te laisser partir, et ne t’a pas enlevé la mémoire, il a dit que ça te serait utile...
– Il est balèze le vieux quand même, hein Pa’ ? En plus de toujours tout oublier lui-même, il peut en faire autant avec les autres.
– Ouais, ben toi oublie pas de me préparer le dîner... J’ai faim !
Lorsque Manda eut fini son récit de sa rencontre avec Kyûbi, Orochimaru le regarda d’un air intéressé.
– Donc... Tu sais où se trouve le mont Myoboku...
– Ne compte pas sur moi pour te révéler sa position, siffla le serpent en écrasant un peu plus Orochimaru. Quand le Sage Serpent Blanc a appris ce que j’ai fait, il m’a strictement interdit de m’y rendre sans son accord. Je préfère respecter ses règles... Et je te conseille d’en faire autant !
Manda relâcha sa prise, et Orochimaru retomba sur le sol.
– Bref, ne compte pas sur moi pour servir d’appât au Kyûbi. Si tu veux attirer ton homme, va falloir trouver autre chose.
Et, avant qu'Orochimaru eût pu ajouter quoi que ce fût, il disparut.
Orochimaru se releva, se massant son thorax endolori.
« Je dois m’y prendre autrement... »
Il reprit la lettre dans sa poche et relut le message de Danzô, y cherchant un quelconque indice. Il était essentiel qu’il parvienne à atteindre la Jinchuuriki s’il voulait rencontrer cet homme au Sharingan.
Il ne mit guère de temps pour trouver un.
« Lorsque sa femme, Kushina Uzumaki, accouchait... »
Orochimaru se lécha les lèvres, un grand sourire se dessinant sur son visage.
« Ainsi, Kushina Uzumaki a un enfant... »
Mizuki_Tiger