Chapitre 87 : Désespoir
– Minato... murmura Mikoto, à ses côtés.
Elle le serra dans ses bras avec force, mais ce fut sans aucun effet sur Minato. Il ne pleurait pas, c’était au-delà des larmes. Sa peine était perceptible par tous.
Ce petit être, face à lui, était son fils. Il était mort, injustement mort.
– Sensei... murmura alors Kakashi.
Et soudain, Minato se retourna et fixa Kakashi droit dans les yeux.
– Sensei... répéta-t-il.
Gaï se demandait si Minato regardait vraiment Kakashi, mais celui-ci n’avait aucun doute.
Ce regard, d’apparence vide, réflétait en réalité quelque chose que Kakashi ne comprit que trop tard...
Il ne vit que le reflet du métal du kunaï de Minato, et aussitôt, sentit son contact froid et terrible dans sa poitrine.
Mikoto, comprenant avec horreur ce que Minato venait de faire, protégea aussitôt Kakashi de son corps et lui dégagea l’arme de son flanc.
Kakashi eut tout juste le temps de répéter une dernière fois « Sensei » avant de perdre connaissance, tandis que Minato disparaissait au même moment avec le corps de son fils, sous les yeux horrifiés de tout le monde.
Mikoto essaya de soigner Kakashi, mais elle n’avait plus de Chakra... Et surtout, elle n’était pas Tsunade.
« Non... Non... Non... ! »
Hiruzen baissa tristement les yeux. Konoha avait déjà subi trop de pertes...
Ce qu'il venait de se produire était terrible, et si soudain, que personne ne mesurait encore pleinement l'ampleur du drame qui venait de se produire.
L'urgence restait de sauver Kakashi...
– Vous avez besoin d’un ninja médical ? murmura soudain une voix, non loin.
Un jeune individu au visage souriant s’approcha. Ses cheveux courts étaient clairs et il portait des lunettes.
Mikoto fronça les sourcils et le regarda d’un air interrogateur, reconnaissant son bandeau frontal : celui de Konoha.
– Je ne sais pas qui tu es... murmura Gaï. Mais si tu peux le soigner...
Et soudain, Gai Maito se mit à genoux.
– Je t’en prie, sauve Kakashi ! supplia-t-il, les larmes aux yeux.
L’individu s’avança et s’abaissa.
– Tu es... reconnut soudain Hiruzen. Kabuto Yakushi...
– Sandaime-Sama.
– Que fais-tu ici ?
– Le Yondaime Hokage m'a demandé de rester en retrait sur cette mission, afin de lui faire part des compétences respectives de chacun des membres de l'équipe.
– Il... Il a dit ça ? Il ne m'en a pas fait part...
– C'est normal, c'était précipité... Et je pense, poursuivit Kabuto d'un air sombre, en regardant Naruto, que c'était surtout un prétexte pour sécuriser au mieux l'équipe de son fils...
« Pourtant, pensa Mikoto, il y avait Kakashi, quand même... Enfin, ça n'a pas empêché ce drame... »
– Qui est-ce ? demanda l'Uchiha, regardant le jeune homme d’un air surpris.
– Un Genin de Konoha, répondit Hiruzen.
– Et, en toute modestie, un Shinobi aux bonnes compétences médicales, ajouta Kabuto.
Il croisa brièvement le regard de Danzô, puis s’abaissa sur Kakashi afin de lui administrer les premiers soins.
« Son flanc gauche a été sévèrement touché mais... »
Un sourire se dessina sur ses lèvres.
– Quoi ? s’emporta aussitôt Mikoto, d’un ton sévère.
– Eh bien... murmura Kabuto, remettant en place ses lunettes qui glissaient sur son nez. Il s’en sortira.
« Le point vital... Il l’a raté... »
Mikoto soupira de soulagement, tandis que Gaï s’accroupissait et fixait Kabuto droit dans les yeux, son visage tout proche du sien.
– S’il-vous-plaît, j’ai besoin de me concentrer.
– Ah, désolé...
Kabuto utilisa ses compétences médicales pour régénérer lentement Kakashi.
– Hum... murmura Kabuto.
– Qu’y a-t-il ?! s’exclama immédiatemment Gai.
– Je crains qu’il ne se relève pas de sitôt.
– Mais... Mais... Tu as pourtant dit qu’il s’en sortirait !
Les larmes montaient aux yeux de Gaï.
– Oui, oui, rassurez-vous ! se reprit Kabuto. Je compte bien soigner ses blessures superficielles pour éviter toute hémorragie. Cependant, il est épuisé ; je pense que c’est dû à une trop fréquente utilisation du...
– Sharingan, coupa Mikoto. Ne t’inquiète pas, Gai ; il s’en remettra. Son corps n’est simplement pas adapté à son œil.
– Il risque de rester cloué au lit pendant plusieurs jours. Mais ensuite...
– Mon rival reviendra, plus fort que jamais !
« Mais ce qui m’inquiète le plus, pensa Gai, ce ne sont pas ses blessures physiques... »
– J’aurais juré avoir vu le Yondaime Hokage en arrivant, poursuivit Kabuto. Qu’en est-il ?
Tout le monde se regarda, encore sous le choc de la réaction de Minato. Personne ne semblait avoir encore complètement réalisé ce qu’il venait de se passer.
Hiruzen jeta un regard à Danzô et Gai baissa tristement la tête. La tension était presque palpable, et tous semblaient s’être mis implicitement d’accord pour que ce sujet reste tabou.
Et pourtant, Mikoto s’avança.
– Kabuto, c’est ça ?
– Oui.
– Il n’y a plus de Yondaime Hokage.
– Mikoto... l’avertit Hiruzen.
– À partir d’aujourd’hui... poursuivit Mikoto en l’ignorant.
Gai, accroupi près du corps de Kakashi, leva les yeux vers elle.
– Minato Namikaze est...
– Ca suffit, Mikoto ! hurla Hiruzen.
– Sandaime-sama, à quoi bon le cacher aux Shinobis du village ?
– Peu importe, coupa Danzô. Nous en reparlerons au village, loin des oreilles indiscrètes.
Pour une fois, Hiruzen et Danzô semblaient d’accord. Mikoto acquiesça.
– Très bien... Veuillez m’excuser.
La tension rediminua et Kabuto prit un air surpris.
« ... un Nukkenin de rang S, poursuivit-il pour lui-même. Tout se déroule selon plan d’Orochimaru-Sama... »
Un Chakra rouge s’échappait de Kushina.
– Kyûbi... murmura Itachi.
« Le monde change... »
– Itachi, l’avertit une voix derrière lui.
– Je sais, Madara-Sama, répliqua le jeune homme.
– Je vais informer Zetsu ; il peut cesser sa surveillance. Sois prudent, Itachi.
– Rassurez-vous. Je saurai dompter le Kyûbi, si c’est nécessaire...
Et l’homme masqué disparut dans une spirale inter-dimensionnelle.
Il revint au loin, dehors, dans la nuit, à l’endroit où se trouvait Zetsu peu de temps auparavant.
« Où sont-ils ? »
Il sentit un mouvement rapide. Il se dématérialisa tandis qu’un oiseau traversait son corps.
« Qu’est-ce que... Une chouette effraie ? »
– Intéressant Jutsu spatio-temporel... murmura une voix forte. Le pouvoir du Sharingan...
Au loin, il la vit alors. La femme encapuchonnée plânait toujours au dessus du sol.
Elle se trouvait à grande distance, et Tobi était surpris que sa voix fût si claire, si forte pour lui.
La voir ainsi, immobile, en l'air, blanche dans la nuit noire, lui donnait un air fantomatique assez inquiétant.
Utilisant à nouveau son Jutsu spatio-temporel, il réapparut juste devant la femme encapuchonnée de blanc.
– Qui êtes-vous ? demanda-t-il, d’un ton dans lequel la menace était très claire.
– Yukinata... Et quel est le jeune homme qui se cache derrière ce masque ?
– Mon nom est... Uchiha... Madara...
Il y eut un silence...
Puis un rire terrifiant déchira l’atmosphère. Un rire qui dura quelques secondes, et cessa aussitôt.
– Tu l’imites bien. Mais, un conseil... Ne joue pas avec ce nom, surtout pas avec moi.
Aussitôt, Tobi comprit que cette personne en savait trop.
– Et, un deuxième... poursuivit Yukinata.
Tobi ne l’écoutait plus. Il leva le bras pour la téléporter, et la tuer.
Aussitôt, il sentit une intense douleur lui déchirer son côté gauche, le forçant à mettre un genou à terre.
« Comment a-t-elle pu... me toucher ? »
– Ne me sous-estime pas. Madara a fait cette erreur ; si tu veux suivre ses traces, apprends de ses erreurs.
Tobi effectua des mudras, mais il fut totalement incapable de produire le moindre Jutsu.
Et soudain, Yukinata tendit son bras, qu’elle approcha de son épaule endolorie. Tobi la vit faire. Au moins, son Sharingan était toujours actif et il pouvait anticiper ses mouvements pour se dématérialiser.
Mais rien ne se fit, c'est comme s'il n'avait plus accès à une partie de son corps, qu'elle ne lui appartenait plus... Et Yukinata posa tranquillement sa main sur son épaule gauche. Il sentit son contact froid, et son corps tout entier frissonna.
– Mon pauvre enfant, dit-elle alors, d’un ton compatissant. Madara t’a bien manipulé...
Un visage se dessina dans la tête de l’homme masqué. Il revit Rin lui sourire.
– Mais, ça tombe bien, poursuivit Yukinata.
Tobi croisa soudain son regard grâce à ses yeux perçants.
Il lança un puissant Genjutsu à Yukinata, mais ne provoqua qu'un nouvel éclat de rire puissant et bref.
– Pas de ça avec moi, gamin.
La chouette effraie, qui avait traversé Tobi lorsque celui-ci se trouvait à distance, arriva jusqu’à eux et se posa sur l’épaule droite du chef de l'Akatsuki à qui elle tournait le dos, à l’endroit où s’était trouvée la main de Yukinata une seconde plus tôt. Il se rendit soudain compte qu’elle était partie.
La chouette tourna la tête de 180 degrés et fixa Tobi droit dans l’œil, puis elle s’envola.
– Nous nous retrouverons... murmura-t-il, sentant son côté gauche récupérer.
– En effet... murmura à nouveau la voix, et Tobi ne sut pas d’où elle provenait. Mais, en attendant, va... Madara.
Et un nouveau rire se fit entendre tandis que le chef de l'Akatsuki disparaissait, sous les yeux d’Orochimaru, tapi tel un serpent.
– Elle est aussi dangereuse qu’effrayante...
Les quatre du Son l’accompagnaient ; ils maintenaient, inconscients et en piteux état, les trois Joonin qui avaient poursuivi leur maître.
Entendre Orochimaru prononcer ces mots pour une autre personne était suffisant pour leur faire comprendre qui était Yukinata.
– Qu’en penses-tu, Neji-Kun ?
– En effet, murmura ce dernier, qui venait d’arriver.
Les quatre autres se retournèrent, surpris ; ils ne l’avaient pas vu venir, et ne s’attendaient pas à un retour si rapide après une mission qui, de toute évidence, avait été accomplie...
– Papa ? fit le jeune crapaud.
– Que veux-tu, Gamakichi ? répliqua Gamabunta.
– Il a quoi, le vieux ?
Gamabunta regarda le vieux crapaud Sage du mont Myoboku. Pour la première fois depuis bien longtemps, celui-ci semblait dans une sorte d’hypnose.
– Oogama Sennin... Il est... en transe...
Des scènes similaires étaient visibles dans les deux autres grands lieux sacrés du monde : la grotte du Rychidô et la forêt de Shokkotsu...
Les trois grands Sages étaient en proie une même vision.
Celle-ci représentait le soleil, brillant, resplendissant dans un ciel sans aucun nuage. Tout semblait beau, pur, parfait...
Mais cette lueur diminuait, peu à peu, tandis que le Soleil se faisait masquer par un autre astre. C’était la Lune.
Une Lune bien étrange car, clairement visible, un dessin s’y formait petit à petit...
Des cercles concentriques apparaissaient avec, en leur sein, des tomoes, identiques au Sharingan, et la Lune rougissait tandis que la lueur du monde diminuait.
Et soudain, l’éclipse fut totale, et le temps s’arrêta.
Hinata était encore plongée dans son rêve ; un rêve qui avait commencé par le vol gracieux d'une chouette...
Mizuki_tiger